Bonjour
Voila une question très difficile, la preuve il y a pas grand monde qui se bouscule pour répondre (sourire).
C'est pourtant une question très légitime, après tout nous parlons d'un instrument scientifique et même d'un instrument de mesure. Inversement; certains historiens, y compris des historiens des sciences (j'en connais) considèrent que l'on a pas à juger les œuvres anciennes avec nos propres critères du XXIème siècle (c'est une position philosophiquement confortable qui permet de raconter à peu près n'importe quoi sans trop de risques !

).
Plus sérieusement, vous avez tout à fait raison, lire un cadran solaire nécessite une interpolation entre les lignes horaires et c'est une cause importante d'approximation. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant, quand on parle de précision on parle du franchissement par l'ombre d'une ligne horaire particulière. Un cadran peut donc être précis le matin, mais pas l'après midi et même l'hiver mais pas l'été par exemple. A ma connaissance il n'y a pas d'étude d'ampleur sur cet aspect de la gnomonique. Pour faire une telle étude il faudrait surveiller toute l'année toutes les heures, UN cadran en particulier et faire cela sur de nombreux cadrans (impossible donc)... OU, recalculer le cadran et comparer le tracé idéal au tracé réel (démarche de modélisation). Cette méthode nécessite donc un relevé correct du tracé réel. C'est là ou cela devient difficile: une photo oblique d'un cadran mural, ou pris dans une vitrine de Musée, est bien sur totalement insuffisante. Ce n'est que très récemment que l'on a les moyens informatiques de faire ce travail (merci Yvon M.).
Impossible donc, pour l'instant, de répondre complétement à la question sur le plan historique.
Ce que l'on peut dire c'est qu'il y a des cadrans qui sont catastrophiques: le cadran de rue de Serre à l’Argentière-la-Bessée (construit en 1698) serait correct ... s'il était sur un mur décalé de 50° en orientation (!) par exemple...impossible de lire l'heure sur un tel instrument. La fabrication, quasi de série, des pièces mobiles des cadrans dieppois en ivoire (XVIIe) n'est pas vraiment un modèle de précision: de toute façon les clients n'avaient aucun moyen de se rendre compte des approximations..
Inversement la précision est remarquable sur des cadrans construits précisément pour être précis..
-les cadrans à équation du XIX , comme ceux de l'abbé Guyoux
-les grandes méridiennes italiennes (précises à midi à une poignée de secondes près)
et puis beaucoup de cadrans muraux contemporains qui ont été calculés et implantés avec des outils modernes (à la louche je pense que la précision de la minute est atteignable dans ce cas).